% cours numéro 3 \section{Conséquences} \subsection{Deux évènements} \paragraph{} On considère deux évènements, repérés, \begin{itemize} \item dans $S$, par $(x_{1}, t_{1})$ et $(x_{2}, t_{2})$ ; \item dans $S'$, par $(x'_{1}, t'_{1})$ et $(x'_{2}, t'_{2})$. \end{itemize} \paragraph{} On définit alors les durées et les distances : \begin{itemize} \item $\Delta x = x_{2} -x_{1}$ \item $\Delta t = t_{2} -t_{1}$ \item $\Delta x' = x'_{2} - x'_{1}$ \item $\Delta t' = t'_{2} -t'_{1}$ \end{itemize} \paragraph{} D'après \eqref{EQI}, on a \begin{equation} \Delta x' = \gamma \left( \Delta x -v \Delta t \right) \label{eq3} \end{equation} De même, d'après \eqref{EQII}, on a aussi \begin{equation} \Delta t' = \gamma \left(\Delta t - \frac{v}{c^{2}} \Delta x \right) \label{eq4} \end{equation} \subsection{Contraction des longueurs} \paragraph{} Soit un corps de longueur $\Delta x$ dans $S$, $\Delta x'$ dans $S'$. On fait une photo à un instant $t=t_{1}=t_{2}$. On a $\Delta x = x_{2}- x_{1}$. Ainsi, d'après \eqref{eq3}, avec $\Delta t = 0$ : \[ \boxed{ \Delta x' = \gamma \Delta x = \frac{\Delta x}{ \sqrt{ 1 - \frac{v^{2}}{c^{2}} }} } \] Au final on obtient $\Delta x' > \Delta x $ : un objet qui mesure $\Delta x'$ dans $S'$ paraît contracté dans $S$. \subsection{Dilatation des durées} \paragraph{} D'après \eqref{eq4}, par symétrie, \begin{equation} \Delta t = \gamma \left(\Delta t' + \frac{v}{c^{2}} \Delta x' \right) \label{eq4'} \end{equation} \paragraph{} Pour deux évènements localisés au même endroit dans $S'$, on a $x'=x'_{1}=x'_{2}$ donc $\Delta x' = 0$. Ainsi \eqref{eq4'} donne : \[ \boxed{ \Delta t = \gamma \Delta t' = \frac{\Delta t'}{\sqrt{1-\frac{v^{2}}{c^{2}}}} } \] D'où au final $\Delta t > \Delta t' $ : il y a dilatation des durées pour l'observateur en $S$ ; on parle de \og retard \fg{} des horloges mobiles, retard qui a pu être observé sur les horloges des avions. \paragraph{Exemple des muons} Un autre exemple de ce phénomène concerne les muons qui pénètrent dans l'atmosphère avec une vitesse très élevée : le temps perçu par les muons n'est pas le même que celui que nous percevons. % schéma 2 \paragraph{Paradoxe des jumeaux de Langevin} On considère deux jumeaux, A et B. A reste sur la Terre, alors que B voyage avec la vitesse $v$ à travers l'espace. On pose $v$ = 0,99 c. D'après la relativité restreinte, si pour l'horloge de A, la durée du voyage est de $\Delta t =$ 14 ans, pour l'horloge de B, cette durée n'a été que de $\Delta t' \approx$ 2 ans. Ainsi, pendant que le voyageur B a vieilli de deux ans, A a vieilli de 14 ans. Mais, au retour de B, sera-t-il réellement plus jeune que A ? Un aller-retour nécessite des accélérations : des changements de vitesse. Donc la relativité restreinte ne s'applique plus. Il faut faire appel à la relativité générale pour répondre à cette question. \paragraph{Exemple du train} Un observateur est fixe dans $S'$, référentiel lié au wagon. % schéma 3 i Il considére l'horloge suivante : entre 2 miroirs, séparés par une longueur $L$, un photon fait des aller-retours. Chacun de ces aller-retours correspond à une période de l'horloge : $\Delta t' = \frac{2L}{c} = \frac{d'}{c}$, où $ d' = 2L $. Cette fois l'observateur est fixe dans $S$, référentiel lié aux rails. Le wagon est en translation à la vitesse $v$ par rapport à $S$. % schéma 3 ii L'observateur mesure $\Delta t = \frac{d}{c}$ Or on a $ d > d' = 2L $, donc on a aussi $\Delta t > \Delta t'$. \section{Équivalence Masse-Énergie} \subsection{Énergies totales et quantités de mouvement} \paragraph{} On considère un corps en mouvement de translation rectiligne uniforme de vitesse quelconque par rapport à $S'$. Si on lui applique une force $F$ sur une distance $\Delta x'$, son énergie varie de $\Delta E' = F\Delta x'$. Ainsi : \[ \Delta x' = \frac{\Delta E'}{F}\] On se place maintenant dans $S$. Or, d'après le premier postulat, la force $F$ est invariante : $F \equiv F'$. On a donc aussi : \[ \Delta x = \frac{\Delta E}{F} \] \paragraph{} De même, pour la quantité de mouvement, d'après le PFD, $F = \frac{\Delta p}{\Delta t} = \frac{\Delta p'}{\Delta t'}$, donc : \[ \Delta t = \frac{\Delta p}{F} \textrm{ et } \Delta t' = \frac{\Delta p'}{F} \] On porte ces longueurs et ces dureés dans \eqref{eq3} et \eqref{eq4}. Alors $\frac{\Delta E'}{F} = \gamma ( \frac{\Delta E}{F} - v \frac{\Delta p}{F})$, donc on obtient finalement : \[ \Delta E' = \gamma ( \Delta E - v \Delta p ) \] %\newcommand{\D}{\Delta} \paragraph{} De même, $\frac{\D p'}{F} = \gamma( \frac{\D p}{F} - \frac{v}{c^{2}} \frac{\D E}{F} )$, ainsi on obtient : \[ \D p' = \gamma (\D p - \frac{v}{c^{2}} \D E ) \] Après avoir établi les équations symétriques, on obtient en fin de compte : \begin{equation} \boxed{ E' = \gamma ( E - vp) } \label{eq5} \end{equation} \begin{equation} \boxed{ p' = \gamma (p - \frac{v}{c^{2}} E ) } \label{eq6} \end{equation} \subsection{Énergies cinétiques} \paragraph{Utilisation d'un cas particulier} On utilise un cas particulier : si le corps a une vitesse $v$ par rapport à $S$, il doit être au repos dans $S'$. Alors l'énergie cinétique dans $S$ s'écrit $E'_{c} = 0$, et $p' = 0$. On pose l'énergie totale $E' = 0 + E'_{0}$ (somme de l'énergie cinétique et de l'énergie au repos, sorte d'énergie potentielle ou interne). On ne sait pas à quoi elle est égale pour le moment. \paragraph{} L'équation \eqref{eq5} donne : $0 + E'_{0} = \gamma( E - vp)$. L'équation \eqref{eq6} donne : $0 = \gamma ( p - \frac{v}{c^{2}} E) $ d'où $p = \frac{v}{c^{2}} E$. \paragraph{} Ainsi on obtient les relations suivantes : \[ E'_{0} = \gamma \left( E -\frac{v^2}{c^2} E \right) \] \begin{equation} E = \frac{E'_{0}}{ \sqrt{1 - \frac{v^2}{c^2}}} \label{eqEE'} \end{equation} \begin{equation} p = \frac{v}{c^{2}} \frac{E'_{0}}{ \sqrt{1 - \frac{v^2}{c^2}}} \label{eqp} \end{equation} \paragraph{} On utilise le fait que, quand $v \ll c$, on doit retrouver la mécanique classique, notamment $p = m_{0} v$, où $m_{0}$ est la masse du corps au repos. Or, quand $v \ll c$, \[ p = \frac{v}{c^{2}} \frac{E'_{0}}{ \sqrt{1 - \frac{v^2}{c^2}}} \approx \frac{v}{c^{2}} E'_{0} = m_{0} v \] On obtient alors : $E'_{0} = m_{0} c^{2}$. Or $E'_{0}$ ne dépend ni de $v$, ni de $w$ ou $w'$, on a donc : \begin{equation} \boxed{ E_{0} = E'_{0} = m_{0} c^{2} } \label{eqE0} \end{equation} qui est l'énergie du système au repos, l'énergie \og potentielle \fg{} $E_{0}$. \paragraph{Masse et vitesse} Ainsi, d'après \eqref{eqp} et \eqref{eqE0}, $p = \frac{m_{0}}{\sqrt{1 - \frac{v^{2}}{c^{2}}}} v$. Donc, en posant : \begin{equation} \boxed{ m = \gamma m_{0} = \frac{m_{0}}{ \sqrt{1 - \frac{v^{2}}{c^{2}}} } } \label{eqm} \end{equation} on a bien $p = m v$. On observe alors que la masse augmente quand $v$ augmente : $m \rightarrow \infty$ quand $v \rightarrow c$. \paragraph{Énergie totale} Par \eqref{eqEE'} et \eqref{eqE0}, on a l'égalité : $E = \gamma m_{0} c^{2}$. Puis, d'après \eqref{eqm}, l'énergie totale s'écrit : \begin{equation} \boxed{ E = m c^{2} %% encadrer } \label{eqeneg} \end{equation} \paragraph{Énergie cinétique relativiste} On a, par définition, $ E = E_{c} + E_{0} $, d'où $ E_{c} = E - E_{0} = m c^{2} - m_{0} c ^{2}$, soit : \begin{equation} \boxed{ E_{c} = m_{0} c ^{2} ( \gamma - 1 ) } \label{eqEc} \end{equation} \paragraph{Cas particulier : lois classiques} Quand $\frac{v}{c} \rightarrow 0$, $ E_{c} \approx m_{0} c ^{2} ( 1 + \frac{v^{2}}{c^{2}} - 1 ) = \frac{1}{2} m_{0} v^{2} $, et on retrouve bien l'$E_{c}$ de la mécanique classique. \paragraph{Remarques} \begin{itemize} \item Aux faibles vitesses, l'énergie totale s'écrit : $E \approx m_{0} c^{2} + \frac{1}{2} m_{0} v^{2} $ \item Pour le photon, $v = c$, soit $m \rightarrow \infty$ d'après l'équation \eqref{eqm}, mais en fait, $m_{0} = 0$ (la masse au \og repos \fg{} du photon est nulle, mais cela ne signifie pas grand chose car un photon est toujours à la vitesse $c$), donc $m = 0$ pour tout $v$. \item on peut écrire l'énergie totale sous la forme $E^{2} = p^{2} c^{2} + m_{0}^{2} c^{4} $ \end{itemize} \paragraph{Exemple} On considère un proton ($m_{0}= 1,67.10^{-27}$ kg) à la vitesse $v_{1}=$ 299~000 km/h. Alors $E_{c1} =$ 2,45 $10^{-9}$ J = 15,3 GeV et $m_{1} =$ 16,3 $m_{0}$. On double son énergie : désormais $E_{c2}=$ 30,6 GeV Alors $v_{2}=$ 299 730 km/s et $m_{2}=$ 32,3 $m_{0}$.