\part{Relativité restreinte} \paragraph{} La relativité \textbf{restreinte} s'appelle ainsi car elle ne s'applique qu'en l'absence de gravitation, et, plus généralement, d'accélération. En revanche, la relativité \textbf{générale} est valable en présence de gravitation. \section{Composition des vitesses dans la mécanique classique} \subsection{Transformation de Galilée} \paragraph{} Un voyageur marche à 5 km/h dans un wagon qui se déplace lui-même à 100 km/h par rapport aux rails. On considère alors deux systèmes $S$ et $S'$ : \paragraph{} \begin{tabular}{|c|c|c|c|} \hline Premier système de référence & $S$ & attaché aux rails & horloge $H \to t$ \\ \hline Deuxième système de référence & $S'$ & attaché au wagon & horloge $H' \to t'$ \\ \hline \end{tabular} \paragraph{} $S'$ est en translation rectiligne uniforme par rapports à $S$. Donc $S'$ et $S$ sont tous deux des référentiels \textbf{inertiels} ou \textbf{galiléens}. \paragraph{} Soit $w'$ la vitesse du voyageur par rapport au wagon. Pour mesurer cette vitesse, un observateur lié à $S'$ mesure la distance $\Delta x'$ parcourue par le voyageur pendant l'intervalle de temps $\Delta t'$. Ainsi $w' = \frac{\Delta x'}{\Delta t'} = 5 \textrm{ km/h}$. \paragraph{} Soit $v$ la vitesse du train par rapport aux rails, et $w$ celle du voyageur par rapport aux rails. Un observateur lié à S' fait la mesure : $w = \frac{\Delta x}{\Delta t} = 105 \textrm{ km/h}$ . On a bien : $w = v + w'$, où : \begin{tabular}{|c|c|} \hline $w$ & vitesse absolue \\ \hline $v$ & vitesse d'entraînement \\ \hline $w'$ & vitesse relative \\ \hline \end{tabular} \paragraph{} Il s'agit de la loi de composition des vitesses en mécanique classique, ou \textbf{transformation de Galilée}. Le temps y est absolu : $t=t'$. \subsection{Problème de la vitesse de la lumière} \paragraph{} Que se passe-t-il pour la lumière ? Considérons $P$, position d'un flash lumineux qui se propage. Un observateur lié à $S'$ mesure la vitesse $w' = \frac{\Delta x'}{\Delta t'} = c =$ 299 792 458 m/s. Un autre observateur, lié à $S$, mesure $w =\frac{\Delta x}{\Delta t} = c$, soit la même vitesse ! Cette fois $w \neq v + w' $ : \textbf{la loi de transformation galiléenne ne s'applique plus.} \paragraph{} En réalité, la constance de $c$, vitesse de la lumière dans le vide, quel que soit le référentiel a été démontrée en 1887 par l'expérience de Michelson et Morley, expérience confirmée par la suite. \section{Composition des vitesses en relativité restreinte} \subsection{Postulats} \paragraph{} \textbf{Deuxième postulat de la relativité restreinte :} la vitesse de la lumière ne présente jamais de valeur relative. Dans le vide (ou dans l'air) cette vitesse est égale à $c$ dans tous les référentiels d'inertie. \paragraph{} Or $c = \frac{d}{t}$. Il faut donc trouver un nouvelle loi d'addition des vitesse. \paragraph{} \textbf{Premier postulat de la relativité restreinte :} les lois de la physique sont les mêmes dans tous les référentiels d'inertie. \subsection{Cas particulier : $x' = 0$} \paragraph{Cadre de l'étude} On reprend l'exemple précédent, avec les référentiels $S$ et $S'$ : $Ox'$ a un mouvement rectiligne parallèle à $Ox$, de vitesse constante $v$ par rapport à $S$. $S$ et $S'$ sont donc toujours des référentiels d'inertie. \paragraph{Introduction de $\gamma$} Soit $P$ la position d'un point quelconque, repéré en $S$ par $x$, et en $S'$ par $x'$. Un horloge dans $S$ donne le temps $t$, une autre dans $S'$ donne le temps $t'$. À $t=t'=0$ on considère que $O \equiv O'$. Ainsi, $x'=0 \Rightarrow O \equiv O'$. Dans le cas où $x'=0$, on a alors $x=x_{0}=vt$, en effet $O'$ caractérise le mouvement de $S$ par rapport à $S'$. On suppose que $x'$ est une fonction polynomiale en $x$. Alors, comme $x'_{(x=x_{0})}=0$, $x'$ admet $(x-x_{0})$ en facteur. Donc il existe $\gamma$ fonction polynomiale en $x$ telle que : $ x' = \gamma (x - x_{0})$. D'où : %\begin{figure} %\begin{empheq}[box=\fbox]{equation} \begin{equation} \boxed{x' = \gamma (x - vt)} \label{EQI} \end{equation} %\end{empheq} %\end{figure} \subsection{Calcul de $\gamma$} \paragraph{} En mécanique classique, $\gamma = 1$. Mais que vaut $\gamma$ dans le cas de la relativité restreinte ? Utilisons le postulat que $c \equiv constante$. \paragraph{} Soit $P$ un point lumineux émis à $t = t' = 0$ en $O \equiv O'$. On a alors : \begin{equation} \textrm{ dans } S' : x' = c t' \label{S'} \end{equation} \begin{equation} \textrm{ dans } S : x = c t \label{S} \end{equation} \paragraph{} Plutôt qu'une relation du type $x' = f(x, t)$, on voudrait établir une relation de la forme $t' = f(t, x)$. On cherche alors $a$ et $b$ tels que : \begin{equation} t' = at + bx \label{eq*} \end{equation} L'équation (\ref{EQI}) donne alors : \[ \textrm{(\ref{EQI})} \underset{\textrm{(\ref{S})}}{\Rightarrow} x' = \gamma \left(ct - v\frac{x}{c}\right) \underset{\textrm{(\ref{S'})}}{\Rightarrow} ct' = \gamma \left(ct - v\frac{x}{c}\right) \underset{ \textrm{(\ref{eq*})}}{\Rightarrow} c(at + bx) = \gamma \left(ct - v \frac{x}{c}\right) \] D'où, par identification, $a = \gamma$ et $b = - \frac{\gamma v}{c^{2}}$. \paragraph{} Ainsi, d'après (\ref{eq*}), %\begin{empheq}[box=\fbox]{equation} \begin{equation} \boxed{ t' = \gamma \left(t - \frac{v}{c^{2}}x \right) } \label{EQII} \end{equation} %\end{empheq} Or la vitesse $v$ est relative aux deux systèmes : $S'$ est en droit de se considérer au repos et de voir $S$ se déplacer par rapport à lui avec la vitesse $-v$. C'est le principe de réciprocité des vitesses. On a alors, en supposant que $\gamma(-v) = \gamma(v)$ : \begin{equation} x = \gamma \left(x' + v t' \right) \label{EQI'} \end{equation} \begin{equation} t = \gamma \left(t' + \frac{v}{c^{2}} x' \right) \label{EQII'} \end{equation} Ainsi, (\ref{EQI}) s'écrit : \[ x' = \gamma (x - vt) \underset{\textrm{(\ref{EQI'}) et (\ref{EQII'})}}{=} \gamma^{2} x' \left( 1 - \frac{v^{2}}{c^{2}} \right) \] Cela est vrai pour tout $x' \neq 0$, d'où $1 = \gamma^{2} (1 - \frac{v^{2}}{c^{2}})$. Ainsi : \begin{equation} \boxed{ \gamma = \frac{1}{\sqrt{1-\frac{v^{2}}{c^{2}}}} } \label{eqgamma} \end{equation} On observe que $\gamma$ est paire en $v$, ce qui est cohérent avec l'hypothèse qui nous a permis d'écrire les équations (\ref{EQI'}) et (\ref{EQII'}). \paragraph{Conclusion} \begin{itemize} \item Si $v \ll c$, alors $\gamma \approx 1$ et on retrouve la transformation galiléenne. \item Sinon, $\gamma \neq 1$, et on doit appliquer une \textbf{transformation de Lorentz.} \end{itemize} \subsection{Composition des vitesses} \paragraph{} Maintenant, considérons $P$ animé d'une vitesse $w'$ par rapport à $S'$. \[ x' = w' t' \] \[ \underset{\textrm{(\ref{EQI}) et (\ref{EQII})}}{\Rightarrow} \gamma (x - vt) = w' \gamma \left( t - \frac{v}{c^{2}}x \right) \] \[ \Rightarrow x \left( 1 + w' \frac{v}{c^{2}} \right) = t ( w' + v ) \] Or $w$ vitesse de $P$ par rapport à $S$ vérifie $x=wt$, d'où la \textbf{nouvelle loi de composition des vitesses} \begin{equation} \boxed{ w = \frac{w' + v}{1 + w' \frac{v}{c^{2}} } } \label{eqcompos} \end{equation} \paragraph{Cas particuliers} \begin{itemize} \item Si $w' \ll c$ et $v \ll c$ alors $w \approx w' + v$ (transformation de Galilée) ; \item si $w' = c$ alors $w = c$ ; \item de même, si $v = c$ alors $w = c$. \end{itemize} \begin{figure} \centering \includegraphics[width=10cm]{relat.eps} \caption{$w = f(w')$, cf. eq (\ref{eqcompos}), pour $v = 1 \times 10^{8}$ m/s, d'après les transformations de Galilée (trait fin) et de Lorentz (trait large)} % code Maxima utilisé pour réaliser le graphe : % f(w,v,c):=(w+v)/(1+w*(v/c**2));c:3*10**8;v:1*10**8; % relat(x):=f(x,v,c);galil(x):=x+v; % plot2d ([relat(w),galil(w),c],[w, 0, 3*10**8],[y, 0, 4*10**8],[gnuplot_term,ps],[gnuplot_out_file,"relat.eps"], % [xlabel, "w' (m/s)"],[ylabel, "w (m/s)"], [style, [lines,4,5],[lines,2,5],[lines,0.5,5]],[legend,false]); \label{f(w')} \end{figure}